RÉSIDENCES MUSIQUE

Retrouvez Kani Sidibé, Ousmane Ouattara et Ko Saba en live sur la scène du Blues Faso dans le cadre de leurs résidences à la Fondation Passerelle – ECP Missabougou à partir d’octobre 2018.

KANI SIDIBÉ

Kani Sidibé fondation passerelle koopski

Chant Wassoulou

OUSMANE OUATTARA

Ousmane Ouattara concert live au Blues Faso, Bamako

Kora Mandingue

KO SABA

blues faso concert Ko Saba

Rock Mandingue

Les anciens résidents

KOKO DEMBÉLÉ

Koko Dembélé au Blues Faso

De parents de l’ethnie des Bwas originaires de San, ayant migré dans la région de Mopti (région frontière entre le nord et le sud du Mali), Koko Dembélé grandira dans un mélange de cultures du nord et du sud du pays, à une époque où la diversité culturelle que représentaient l’ensemble des ethnies du pays et toutes les croyances étaient une richesse et source d’une belle énergie constructive.

Le père de Koko Dembélé était balafoniste et jouait de la musique traditionnelle. Après avoir grandi dans un environnement naturellement fait de musiques de partage et de diversité, Koko sera confié à un ami de la famille, Monsieur Acougnon Dolo, à Badiangara, où se trouvait l’un des deux établissements scolaires de la région, afin qu’il puisse aller à l’école. Il était important pour le père Dembélé, interprète d’une musique traditionnelle lors des rites et dans l’accomplissement des coutumes, que son fils sache lire et écrire.

Quelques années plus tard, lorsqu’il était en dernière année de collège, pendant une période d’absence prolongée de l’école en raison d’une maladie, Koko s’est remis à jouer de sa guitare qu’il s’était lui-même fabriquée auparavant. Alors naquit un talentueux guitariste autodidacte rapidement repéré par Sorry Bamba, chef d’orchestre du KANAGA DE MOPTI. Encadré par celui qui venait de le découvrir, Koko Dembélé commença sa carrière de musicien professionnel en 1974 dans cet orchestre qui fut national à une certaine époque suite à sa victoire en emportant le premier prix de la biennale artistique du Mali trois fois successives 1978, 1980 et 1982. Dix années après son intégration dans l’orchestre, en 1984, Koko Dembélé fit son premier voyage en Europe avec LE KANAGA DE MOPTI pour se produire au Festival Musiques Métisses d’Angoulême en France.

Le ministère de la culture du Mali, à l’époque, n’ayant pu honorer son engagement financier nécessaire à l’accompagnement et l’épanouissement de cet orchestre trois fois premier prix de la biennale artistique nationale, et reconnu parmi les plus grandes formations musicales d’Afrique, les musiciens se sont retrouvés dans le besoin d’abandonner l’orchestre mythique afin de chercher d’autres opportunités, désespérés entre leurs tentatives de vivre de leurs métiers artistiques. C’est dans ces conditions que Koko Dembélé se rendit en Côte d’Ivoire, à l’époque importante plaque tournante de la musique en Afrique de l’ouest. Avec des studios d’enregistrement, des maisons de disque, des producteurs et des arrangeurs, Il y avait là les bases d’une industrie musicale et toutes les opportunités de carrières que cela engendrait.

À Abidjan, avec le soutien de Bongana Maïga et Mafila Kanté entre autres, Koko parviendra à réaliser son premier album, BAGUINÉ, « terre natale » en dogon qui sortira en 1992. Sa musique a une coloration de reggae enrichi d’intonations variées inattendues que lui apportent son aptitude à chanter dans plusieurs langues et son identité multiculturelle lui permettant de s’inspirer de plusieurs traditions musicales du Mali.

À l’image des soixante-huitards du Mali et d’Afrique que je qualifierais de mélomanes et personnes cultivées en général, l’artiste confie qu’il écoutait de toutes les musiques : chanson française, rock, musique africaine… Cependant la découverte du reggae et l’engagement du mouvement rastafari pour une société équilibrée et contre l’oppression et l’aliénation lui sont apparus comme un enseignement, une lumière vers ce qu’il voulait que son œuvre musicale soit. Le musicien avait trouvé sa voie dans l’intérêt que la personne humaine avait trouvé dans sa compréhension du mouvement rastafari.

Koko Dembélé vivra entre le Mali et la Côte d’Ivoire après la sortie de son premier album. Il enregistra son deuxième album avant de s’envoler au Brésil pour une série de concerts organisés par OLODUM. En septembre 2002 la sortie de son troisième album YEREDON, « dignité » en bambara, sera empêchée par le début de la crise en Côte d’Ivoire. En 2005 Koko Dembélé retourne s’installer au Mali où il réalisera une quatrième œuvre intitulée MANDÉ, enregistrée dans les studios de Tiken Dja Fakoli à Bamako.

TIÉBA, «grand homme» en bambara, est le cinquième album de Koko Dembélé (sortie fin octobre 2017). À ses habitudes, tout en maintenant un univers de musique reggae, il nous mène par son travail dans un voyage au cœur de la riche culture musicale malienne qu’il maîtrise absolument de San à Mopti. Ses talents de chanteur et guitariste aidant, sa musique se révèle forte et prenante, sans artifice.

NAGNINY DIABATÉ

NAGNINY DIABATÉ Blues Faso Fondation Passerelle Bamako

Nagniny Diabaté qui est l’une des plus grandes artistes de chants classiques mandingues peut être vue comme une griotte, cette facile définition sert à désigner de nos jours tous ceux qui portent des noms de famille de Niamakalas (1) et qui chantent, animent les fêtes de mariage, de baptême et autres. Tout ce que Nagniny est et fait aussi, entre autres.

Cependant, cette grande artiste ne vient pas d’une famille de griots. Si le griot est «un poète, raconteur d’histoire qui chante», cette définition ne correspond pas à la famille de Niamakala dont vient Nagniny. Chez Bourahima Diabaté à Bozola, l’un des premiers quartiers de la ville de BAMAKO, on ne chantait pas, c’était interdit.
Seule chanteuse d’une famille de Niamakala, c’est à l’école à l’époque où s’organisaient des concours de chant entre établissements scolaires et quartiers qu’elle s’exerça au chant, puis arriva un moment où elle commença à chanter aux fêtes de mariage.

D’une mère guinéenne arrivée jeune avec sa famille au Mali, et d’un père bamakois, c’est la grand-mère maternelle de Nagniny qui la soutient plus tard en lui enseignant des chants classiques mandingues de Guinée. Son premier album a été réalisé en 1987, l’un de ses grands succès était ORTM, chanson dédiée à l’événement annuel de la chaine de télévision nationale lors duquel est élue Miss ORTM, l’équivalent de Miss Mali. Nagniny Diabaté, sera par la suite une brillante star parmi les jeunes djélis moussos (2) adulées du pays. Sa carrière l’a menée à souvent se produire dans plusieurs pays en Afrique, en Europe et en Amérique du nord.

Sa première prestation sur une scène européenne a eu lieu en 1986 dans le cadre du festival d’Avignon, à l’initiative du directeur artistique Michel Boudon.
Au sommet de sa brillante carrière de djéli mousso, soutenue par de richissimes mécènes au Mali et en Afrique, aimée de son public, Nagniny décida de changer de projet et créer un orchestre d’instruments acoustiques, de femmes instrumentistes et chanteuses. Le KALADJOULA BAND, ainsi, fut mis en place par l’artiste en 2012. L’orchestre féminin mené par elle-même jouant le bolon (3) commença à se produire en 2013. La formation féminine est constituée d’une guitare, un balafon, une calebasse, un clavier, un djémbé et une section de doundounba (4).

Elles interprètent des chants classiques mandingues ainsi que des textes et mélodies inédits. Pour une grande partie de ces femmes instrumentistes, apprendre à jouer d’un instrument était un véritable défi, pour certaines un affront à l’égard d’esprits conservateurs tenant à préserver des interdits qui auraient pour but de protéger la femme, ou en tout cas l’idée qu’on se fait du fait d’être femme dans certaines traditions du pays. Leur belle musique est empreinte de toute leur détermination magnifiquement soutenue par la grande Nagniny sur scène d’un point de vue artistique, mais également dans la pratique permettant l’existence même du groupe musical.

Dans le passé il était un honneur pour les Niamakalas d’assumer pleinement le rôle qui leur était attribué dans une organisation sociale complexe, faite de codes et d’interdits, de droits et de devoirs pour tous. Les Niamakalas étaient, dans leurs divers rôles selon les régions et les ethnies, les artisans de tout ce dont on pouvait avoir besoin dans le déroulement de la vie quotidienne, ils étaient les gardiens des textes oraux et ceux qui veillaient à leur bonne interprétation et application pour l’élaboration et le maintien de sociétés équilibrées. L’expression «griot» correspond peut être à la compréhension que les européens se sont faite des rôles de certains Niamakalas lorsqu’ils ont découvert l’Afrique de l’Ouest, mais elle réduit certainement tout un aspect de l’organisation en Afrique de l’ouest à la définition qui lui est donnée dans les dictionnaires des ex-colonisateurs. En essayant de trouver le sens du mot griot qui n’est d’aucune langue africaine, on tombe sur des significations telles que : «en Afrique noire personne qui a pour fonction de raconter des mythes de chanter des histoires», ou encore «poète musicien originaire d’Afrique noire».

Nagniny Diabaté, son histoire et sa carrière sont la preuve que la définition et le rôle des Niamakalas dans le pays ne sont pas simples à décrire. Par ailleurs l’organisation sociale a changé violemment pendant les années de colonisation, puis naturellement avec le temps tout à évolué encore depuis les années 60.
Tous ceux qui portent des noms de famille de Niamakalas ne sont pas artistes, ou artisans, ou porte-paroles, ou négociateurs entre royaumes ; de même que les Horons (5) peuvent désormais devenir artisans, artistes, journalistes, diplomates, historiens…

(1) Les Niamakalas :
en Afrique de l’ouest, familles de caste auxquelles étaient confiées des ouvrages précis dans la société, et qui avaient le devoir de transmettre leurs compétences de génération en génération.
(2) Djéli mousso :
les jélis parmi les familles de castes et selon les régions et ethnies avaient en général à leur charge tous les métiers de la musique et du chant, djéli mousso signifie femme djéli.
(3) Bolon :
contrebasse mandingue
(4) Doundounba :
set de tambours
(5) les Horons :
ceux qui travaillaient la terre, s’occupaient de la pêche, du commerce, en gros tous ceux qui travaillaient dans des domaines qui ne touchaient pas la musique, la parole, l’artisanat et qui avaient pour devoir d’entretenir, à travers des règles strictes et précises, les Niamakalas en raison des services qu’il rendent à la société dans la vie quotidienne.