Certains jeunes musiciens ont ainsi pu acquérir une expérience professionnelle dans des projets musicaux de Rokia (cfr ‘Desdemona’ avec Peter Sellars au Wiener Festwochen – 2010, ‘Roots’ à la Cité de la Musique/Paris – 2012).

D’une part, ces premiers trajets de formation répondaient à une nécessité concrète, il y a un très grand nombre de jeunes talents et ils ont peu de possibilités de formation, d’autre part il est évident qu’il faut intensifier et structurer ces investissements ponctuels si l’on veut qu’il y ait une réelle évolution professionnelle et économique dans le secteur culturel et artistique au Mali.

Plusieurs éléments essentiels sont nécessaires : un lieu de travail, un projet cohérent et complet, une équipe de professionnels, un budget (initial). À travers le projet de la Fondation Passerelle inséré dans des quartiers en demande d’espaces publics et d’activités culturelles et artistiques, le lieu de travail et le cadre existent déjà.

La Fondation Passerelle dispose en effet d’une série de sites de travail dans le quartier Magnambougou – concession rurale, tout près du troisième pont de Bamako, zone située entre les quartiers de Missabougou, Yirimadjo et Magnambougou.

L’Espace Culturel Passerelle – ECP Missabougou

L’ECP Missabougou se veut un lieu de travail culturel qui défend, stimule et fait rayonner la formation et la consolidation d’une identité culturelle malienne autonome et solide. Simultanément, les collaborations, résidences et créations initiées et stimulées à partir de l’ECP iront toujours de pair avec des échanges et des formes hybrides artistiques. Dans les villes africaines globalisées et mixtes de demain, tout comme dans l’œuvre musicale de Rokia Traoré elle-même, le métissage et les entités multiples constituent sans conteste l’avenir, et non des formes diverses de monoculture. Aussi, afin d’informer de ses projets, ainsi que de l’actualité culturelle et artistique sur le continent, à partir de 2019 la Fondation Passerelle tiendra un festival auquel seront invités artistes et opérateurs culturels du continent à venir montrer leurs travaux, trouver des partenaires culturels et commerciaux, s’informer et partager les expériences.

Outre les résidences/créations/festivals propres, l’ECP souhaite aussi collaborer intensément avec d’autres partenaires locaux et ouvrir ses portes à des initiatives existantes qui recherchent une infrastructure culturelle de qualité dans ce quartier et dans cette partie de Bamako. Ainsi l’ECP a été inauguré en avril 2016 en partenariat avec le festival « Jazzy Koumbin » qui a utilisé les espaces de présentation à Magnambougou concessions rurales dans le cadre de la semaine du jazz de la Fondation Passerelle.

Les bâtiments exploités par la Fondation Passerelle sont situés dans un quartier qui faisait partie de la périphérie de Bamako il y a dix ans, mais qui à présent est pleinement intégré dans le centre éclaté de la ville et est très aisément accessible, à proximité du troisième pont. C’est un quartier avec une population jeune qui a beaucoup d’énergie et avec laquelle les opportunités de collaboration sont multiples.

De très nombreuses organisations et initiatives de quartier proposent des points d’ancrage et la possibilité de former un réseau dynamique axé sur des intérêts communs. Ces intérêts communs potentiels sont multiples. ‘Magnambougou – concession rurale’ (ou plus généralement ce côté du fleuve) est marqué par l’absence d’infrastructures ou d’activités culturelles organisées. De plus, dans ce quartier, il reste énormément d’organisation à entreprendre dans plusieurs domaines (cohésion sociale, enseignement, assainissement, accompagnement des jeunes filles et des jeunes en général, protection de l’environnement…).

La Fondation Passerelle a pour objectif d’investir dans des partenariats structurels.